Sylvie Blin  numéro hors-série de Connaissance des Arts consacré à la Bibliothèque nationale de France, 1996


« Quatre grands murs des halls d’accueil du public ont été retenus pour être confiés à six artistes dont les œuvres reflètent la diversité de la création plastique contemporaine, française et internationale. Martial Raysse, Jean-Pierre Bertrand, Claude Viallat, Gérard Garouste, Louise Bourgeois et Roy Lichtenstein ont répondu à cette demande avec des œuvres différentes – tableaux, tapisserie, reliefs – sur des thèmes proches : l’écriture, la parole, le savoir, le dialogue.
Au niveau du rez-de-jardin, Martial Raysse a choisi la forme classique du tableau pour une sorte d’allégorie de la parole, révélant la vertu du langage et des mots. Jean-Pierre Bertrand aborde également à sa manière le thème de l’écriture, des signes et du rythme avec de grands reliefs métalliques colorés, où le jaune lumineux domine. Le travail de Claude Viallat, plus formel est une réponse à la trame orthogonale de l’architecture dans laquelle il introduit, par l’utilisation de la couleur, une forme de sensualité : un dialogue se noue entre l’espace mental de la peinture et l’espace mental du livre. La création de Gérard Garouste est plus symbolique, s’inspirant du thème biblique de l’arbre de la connaissance, ses trois peintures sur tissu, sur lesquelles s’accrochent des motifs en fer forgé, évoquent le règne végétal, la floraison et la récolte des fruits.
Deux artistes américains ont investi le hall d’accueil. L’œuvre de Louise Bourgeois, intitulée Toi et moi, est un jeu de miroirs sur l’altérité, l’échange et le regard : le travail intellectuel aide à mieux comprendre le monde, soi et les autres. Elle est comme un écho à l’une de ses réalisations antérieures, Toi et les autres. Enfin, Roy Lichtenstein a choisi la tapisserie comme médium à son intervention, qui porte sur un thème significatif de la culture française : les Nymphéas de Claude Monet. Tissée à Aubuisson, cette tapisserie témoigne de l’attachement de l’artiste aux métiers d’art, renvoie aux différents moyens de diffusion de l’image, et rappelle l’existence d’une section artistique au sein de la Bibliothèque nationale de France. »