Dominique Perrault, (Paris: Terrail Vilo, 2004), p. 112-113
« En 1989, durant les études concernant […]
la Bibliothèque, Dominique Perrault invente une nouvelle dialectique
transgressant radicalement les règles stylistiques de l’architecture
traditionnelle et se détachant définitivement de toute écriture académique.
Cette dialectique, il va lui donner corps en développant, de concert avec
Gaëlle Lauriot-Prévost, un système de dix mailles métalliques différentes,
fabriquées en Allemagne, chez GKD, à Düren, tout près de Cologne.
Résultat : des surfaces tendues de mur à mur, du sol au
plafond, avec une belle unité de matière. Mises bout à bout, ces surfaces
tendues, réalisées au moyen de dix mailles différentes, représentent la
bagatelle de plus de 30 000 mètres carrés. À l’évidence, des performances
exceptionnelles en termes d’économie, de mise en œuvre, de résistance, de
maintenance et de pérennité. Et surtout, moins évidents à décrypter, des jeux
de masques, des résonances, des chevauchements, des apparitions-disparitions,
des traversées, des fulgurances, des transfigurations qui témoignent de l’invention
d’une langue architecturale absolument singulière.
Une abstraction pure, faite d’espace, de temps et d’énergie ;
une liberté de conception et une spontanéité d’exécution qui s’expriment en
termes de texture et de pulsation ; des rythmes et des perspectives qui
génèrent des courbes et des contrecourbes tout autant que des formes tendues et
contrariées… Le tissage transfiguré, agissant non plus comme signe de l’espace,
mais bien comme allusion à l’espace, rejoignant en cela la manière du peintre
américain Cy Twombly, pour lequel « la ligne n’illustre pas, elle est
perception de sa propre réalisation ».