Désireuse de mettre en valeur le fleuve Manzanares et ses franges, la ville de Madrid a entrepris depuis les années 2000 des travaux d’aménagement de grande ampleur : l’enfouissement de l’autoroute a permis de dégager les berges et de faire advenir un grand parc urbain, d’une surface de vingt-trois hectares. Une série de ponts vient suturer les deux bords du parc et le desservir.

La passerelle Arganzuela, achevée en 2011, se compose de deux cônes allongés, placés l’un en face de l’autre mais légèrement désaxés. Le décalage découpe une place publique en belvédère qui ménage un accès au parc. L’écriture et la matérialité sont identiques pour les deux objets, donnant l’illusion d’un trait continu et poreux, traversant le parc sur une longueur de 250 mètres.

La structure autoporteuse formant la passerelle est entourée d’une double spirale, sur laquelle s’accroche une maille métallique, à la manière d’un ruban entortillé. La maille protège les usagers du soleil, tandis que la discontinuité de l’enveloppe crée une succession de points de vue, érigeant les alentours en paysage à contempler. Elle délivre au promeneur et au cycliste une expérience visuelle extrêmement dynamique, avec des cadrages sur le parc sans cesse renouvelés.

Tandis que l’effet de spirale associe à la passerelle une image forte et ludique, le résultat dote le parc nouvellement aménagé d’un repère iconique, lieu de rendez-vous et de promenades.