« The Campus Valley »
La complexité du site relève de son rapport avec l’ensemble du campus existant et de la ville de Shinchon, côté sud. Cette
configuration exige une réponse qui dépasse le site lui-même. Nous apportons une réponse urbaine, une solution globale qui tisse les mailles du site de l’université avec celle de la ville qui l’entoure dans un paysage unique. Avec ce geste, « la Vallée du Campus » et son « Esplanade Sportive », la topographie du lieu se trouve transformée et la géographie métamorphosée à plusieurs niveaux. L’« Esplanade Sportive », comme la Vallée, remplit plusieurs fonctions à la fois. Elle dote le campus d’une nouvelle porte d’entrée, d’une nouvelle plate-forme pour les pratiques sportives quotidiennes et d’une esplanade pour les fêtes et les manifestations spéciales.
Cette zone crée un lien concret entre l’Université et la Ville : elle est un lieu animé pour tous, toute l’année. Comme un grand panneau publicitaire, l’« Esplanade Sportive » présente la vie de l’université aux habitants de Shinchon. De l’autre côté de celle-ci, le campus s’ouvre aux déplacements piétons, accueillant tous les flux qui traversent le site.
Ces nouveaux « Champs Elysées » attirent le public à l’intérieur du site, menant étudiants et visiteurs au travers du campus et versle nord, tout en reliant les différents niveaux entre eux. Nous conservons les allées entre les bâtiments, mais nous y ajoutons des « ponts » qui franchissent la vallée, créant ainsi de nouveaux liens. On propose également des couloirs souterrains, reliant le Campus à certains bâtiments existants. Un système de connexions à trois dimensions devient possible, achevant l’intégration du projet avec le reste du campus.
C’est peut-être la nature pastorale du campus qui lui confère sa qualité la plus remarquable. On permet à celle-ci de s’étendre vers l’extérieur ou vers l’intérieur dans le cas présent, afin de recouvrir le « Campus Center» d’arbres, de fleurs et de gazon. On réécrit le parc. Un jardin idéal en résulte, mettant à disposition un lieu particulier de rassemblement, pour la conduite informelle de classes, ou, tout simplement un lieu de détente. Ici, l’idée de retisser le campus dans un nouvel ensemble où l’on brouille la distinction entre le vieux et le neuf, le bâtit et le paysage, le présent et le passé est à nouveau mis en évidence.
« Les Champs Elysées »
Une nouvelle fissure fonde la topographie, révélant l’intérieur du Campus. Dans ce vide prend forme un lieu hybride qui permet
d’abriter une grande variété d’activités. Une avenue en pente douce contrôle la circulation et descend jusqu’à un escalier monumental menant les visiteurs au point haut du Campus.
On pense aux « Champs Elysées » de Paris ou au « Campidolglio » de Rome :
- une cour d’entrée, depuis laquelle on accède aux divers départements,
- un forum pour l’échange d’idées lorsque les étudiants se retrouvent après les cours,
- une place, un café débordant sur celle-ci et créant un véritable « lieu » de pause et de détente,
- un théâtre en plein air, l’escalier se prêtant facilement à l’usage d’un amphithéâtre avec ses marches comme des gradins.
C’est cette flexibilité, conceptuelle et réelle, qui permet au nouveau Campus d’Ewha de s’intégrer dans ce site à la manière d’un édifice, d’un paysage, voire d’une sculpture.
Dominique Perrault
Texte du concours
Paris, le 20 janvier 2004
«Tellurique plutôt qu’écologique ? ou plutôt, selon
l’assertion de Perrault lui-même, "la revanche de la géographie sur
l’histoire"… Perrault aime enterrer, en tout ou partie, ses
architectures. Depuis la Bibliothèque nationale de France à Paris jusqu’au
Musée Dobrée à Nantes, en passant par des projets non réalisés tels que le
Centre culturel de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne ou la bibliothèque
de Kansaï au Japon, il creuse tel "une vieille taupe".
À Séoul,
avec l’université féminine Ewha, il atteint l’acmé de cette pratique. Soit
70 000 m² semi-enterrés, mais entièrement éclairés par la lumière
naturelle. Un sens de l’échelle invraisemblable, tant cette faille gigantesque
semble n’être qu’un sillon dans ce paysage semi-bucolique. Une monumentalité
inversée, sans la moindre violence, ni la moindre brutalité. Présomption du
chef-d’œuvre!»
Gilles de Bure
« Neuf fois ailleurs », Le Journal des Arts
n° 362 - 3 février 2012
2010 : Afex prize
2009 : Green Good Design, Environment / Landscape Architecture Award
2008 : Seoul Metropolitan Architecture Award, first prize
situation 11-1 Daehyungdong, Seodaemun-gu, Séoul 120-750, Corée
maîtrise d'ouvrage Ewha Womans University, Séoul
maîtrise d'œuvre Dominique Perrault Architecte
architecte local Baum Architects, Séoul
bureaux d'études Perrault Projets, Paris (ingénierie architecturale), VP&Green Ingenerie, Paris (structure), HL-PP Consult, Munich (fluides), Rache-Willms, Aachen (façades), Jeon and Lee Partners, Séoul (structure), HIMEC, Séoul (génie mécanique), CG E&C, Séoul (génie civil), CnK Associates, Séoul (paysagiste)
surface du site 50 000 m²
surface construite 70 000 m²
aménagement paysager 31 000 m²
concours Février 2004
début des études 2004
début des travaux 2005
inauguration 29 avril 2008
programme
Création d’un campus universitaire pour près de 22 000 étudiantes proposant, au-delà du programme académique et administratif, de nombreux services aux utilisateurs du site :
Programme académique :
• Salles de cours, 3 600 m²
• 2 amphithéâtres de 90 places
• 2 amphithéâtres de 200 places
• 4 amphithéâtres de 80 places
• Bibliothèque, 2 000 m²
• Salles d’informatique, formations, études, 6 000 m²
• Lieux d’accueil et de rencontre publique, 15 000 m²
Programme administratif, 2 300 m² :
• Bureaux
• Locaux de service
Programme commercial, 5 700 m² :
• Cinéma, 2 salles de 162 places
• Boutiques, 1 723 m² (dont librairie, papeterie, etc.)
• Banque et poste, 400 m²
• Fitness, 1 000 m²
• Restaurant, 600 m²
• Théâtre de 750 places
Autres :
• Parkings souterrains, 750 places
• Chapelle, 200 m²
• Student plaza, 1 000 m²
• Student theatre et exhibition hall, 1 000 m²