01 | 02 | 2017
Beaux Arts magazine
Philippe Trétiack
Beaux Arts magazine n°392, février 2017
Extrait du dossier TENDANCE, Quand l'architecture s'attaque aux toits du monde
Pour trouver un captivant contrepoint à ces constructions en plein ciel, il faut se plonger dans le dernier ouvrage de l'architecte Dominique Perrault. Depuis des années, celui-ci mène une réflexion sur l'art de bâtir en sous-sol. Il l'a expérimentée à de nombreuses reprises, notamment à Paris, en dotant la Bibliothèque nationale de France d'un jardin enterré, et plus encore à Séoul, où il a enfoui la sublime université d'Ewha six pieds sous terre. A l'heure où l'urbanisation du monde dévore les territoires, la solution n'est peut-être plus seulement d'édifier toujours plus haut ou sur des bâtiments existants, mais de plonger dans les entrailles de la Terre pour y creuser des rues, des places, des villes. A le lire, on comprend que le sol est à l'horizontalité ce que le mur est à la verticalité. On peut y ouvrir des portes, plonger ainsi dans l'épiderme du monde pour s'y lover. Ouvrir de nouveaux territoires, partir de l'intériorité même de notre monde, désormais forclos et connu en totalité, voilà l'idée maîtresse. Certes, les sous-sols ne sont pas tous accessibles, des roches résistent, des sols se dérobent, mais l'impasse du développement infernal doit nous conduire à oser un nouveau paradigme. L'architecture sera géologique. Au bout du souterrain, la lumière !