Une cinquième extension
Depuis une vingtaine d’années Dominique Perrault, associé à Gaëlle Lauriot-Prévost, se consacre à l’extension du Palais de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), développée à partir du Palais initial conçu par les architectes Jean-Paul Conzemius (Luxembourg), François Jamagne et Michel Vander Elst (Belgique) et inauguré en 1973, puis étendu à trois reprises dans les années 1980-1990 par les architectes Bohdan Paczowski et Paul Fritsch (Luxembourg). La quatrième extension de la Cour réalisée par Dominique Perrault répondait alors aux besoins de croissance de l’institution, accompagnant notamment l’adhésion à l’Europe de nouveaux États membres, celle-ci passant de 15 à 28 pays. La cinquième extension de la Cour correspond à une croissance de l’activité juridictionnelle et au souhait de rassembler sur un même site l’ensemble de son personnel. L’extension se développe en liaison directe avec les bâtiments existants et s’inscrit dans un plan d’urbanisme qui a porté la mutation du quartier européen en un quartier de ville Luxembourgeois, avec ses rues, ses avenues et places publiques.
Répondant à la demande du Fonds d’urbanisation et d’aménagement du Plateau de Kirchberg (l’établissement public chargé de l’aménagement du Plateau), Dominique Perrault a favorisé, depuis sa première intervention sur le site, le développement d’un tissu urbain “apaisé”, en transformant les infrastructures autoroutières présentes en un sol “facile” et accessible, à même d’assurer la continuité des espaces publics.
Architecture
Dernier opus bâti de la Cour, la cinquième extension comporte deux ensembles imbriqués : la nouvelle tour et son socle. La nouvelle et troisième tour accueille des bureaux ainsi qu’un belvédère-terrasse en son sommet . Elle est destinée à héberger des services de l’institution, notamment les bureaux de juristes-linguistes.
La tour s’élève dans la continuité des deux premières tours bâties lors de la 4ème extension, mais s’en distingue néanmoins par ses six niveaux supplémentaires, son aspect de deux tours accolées et son implantation légèrement désaxée par rapport au plan d’ensemble orthogonal. Une telle implantation optimise les orientations, fait écho au volume situé à l’extrémité ouest de la parcelle datant de la troisième extension (1993), et marque ainsi l’achèvement de l’ensemble architectural sur son extrémité est. Le socle de la tour s’encastre dans un terrain à forte déclivité, entre un point haut situé au niveau de la rue Hammes, au rez-de-chaussée de la tour, et un point bas au niveau du rez-de-chaussée de la galerie. Le socle permet l’extension de la galerie actuelle et la construction d’un grand escalier intérieur permettant une communication directe entre la galerie existante et le niveau d’accès sur rue de la nouvelle tour.
Les espaces extérieurs sont également aménagés en cohérence avec le site. De grands escaliers font la liaison, au niveau des rues du Fort Niedergrünewald et Hammes, entre les points d’accès haut et bas. Le long de la rue du Fort Niedergrünewald est créé un mur végétalisé composé de gabions formant des gradins afin d’adapter le niveau du projet à celui de la rue. Sur le grand parvis, une placette au pied de la façade nord-est du bâtiment marquer la nouvelle entrée. A terme, un jardin du Multilinguisme en prolongation du parvis, sera aménagé au Nord-Est du site.
Matérialité
La troisième tour prend la forme de deux fines tours accolées et décalées. Le premier volume, doré, reprend l’aspect des deux tours existantes. Ses façades sont une alternance de modules transparents, intégrant de la maille dorée, ou opaques, de 120 cm de largeur. Le second volume de verre émaillé noir et d’une hauteur supérieure de 15m, fait davantage écho au bâtiment « Anneau » qui encercle le Palais de justice existant. Ce volume noir, à l’image d’un campanile, crée un élément repère pour l’ensemble du site. Fusionnant en quelque sorte deux architectures présentes sur le site, la troisième tour fabrique un alliage symbolique, qui peut être lu comme celui de l’industrie lourde, en écho aux événements fondateurs de la Cour de justice de l’Union européenne, qui mettaient en place une fusion de l’Europe du charbon et de l’acier.
situation Plateau de Kirchberg, Luxembourg
maîtrise d'ouvrage Ministère du développement durable ; Administration des Bâtiment Publics - Division des Travaux Neufs.
architecte Dominique Perrault, France
direction artistique Gaëlle Lauriot-Prévost, France
bureaux d'études SRA Architectes, Paris / Jean Petit Architectes, Luxembourg (maîtrise d’œuvre d’exécution), Ney & Partners, Luxembourg (ing. génie civil), Felgen et Associes Engineering S.A., Luxembourg (ing. génies techniques), Sorane SA, Suisse (concept énergétique), Betavi Ingénieurs Conseils S.A., Luxembourg (études acoustiques), Terrell, France (études techniques des façades), Secolux S.A., Luxembourg (contrôle technique), D3 Coordination S.A., Luxembourg (coordinateur de sécurité), Pricewaterhouse Coopers, Luxembourg (certification BREEAM), Jean-Paul Lamoureux (consultant lumière)
certifications environnementales Classe AAA, niveau passif, selon le règlement Grand-Ducal niveau « excellent » propre à la certification BREEAM.
surface du site 10 000 m²
surface construite 50 000 m²
volume brut 181 000 m³
hauteur de la tour Partie "dorée" : 103m depuis le niveau de la galerie / 27 étages - Partie "noire" : 118m depuis le niveau de la galerie / 30 étages + terrasse technique
conception 2014
construction 2016-2019
programme
Espaces publiques autour de la troisième tour (places, accès)
Troisième tour : accueil, bureaux, espace belvédère, SC 31 000 m²
Pied de tour et extension du bâtiment existant, SC 14 000 m²
Parkings restreints, 210 places