Le renouveau de l’hippodrome de Longchamp doit permettre d’affirmer la place de celui-ci dans le Grand Paris et sur la scène internationale des grands hippodromes du monde.
Ainsi, cette ambition doit s’accompagner non seulement d’un projet architectural emblématique, capable de s’adapter aux évolutions futures, mais également d’un projet de paysage de transfiguration du territoire mettant en valeur à la fois le patrimoine bâti, héritage de l’histoire de l’hippodrome, et surtout le patrimoine végétal du Bois de Boulogne issu du plan de composition dessiné par Alphand au XIXème Siècle.
Le Prix de l’Arc de Triomphe constitue le point d’orgue de la vie de l’hippodrome. Le challenge du projet consiste donc à pouvoir accueillir dans des conditions exceptionnelles cet événement qui regroupe jusqu’à 60.000 spectateurs sur le site, mais également un public plus restreint pour les journées de réunions ordinaires.
Ainsi, le projet propose de déconstruire l’ensemble des tribunes datant des années 1960 et de les remplacer par une tribune unique, à la fois plus compacte et plus fonctionnelle. Les bâtiments supports de l’activité hippique, aujourd’hui éparpillés sur le site, seront également démolis et reconstruits sous la forme de pavillons. Enfin, les bâtiments historiques de l‘hippodrome seront réhabilités.
L’architecture de la tribune est en mouvement tel un cheval au galop. Un léger déversement oriente le jeu des tribunes superposées vers la ligne d’arrivée. Mais ce décalage crée côté champ de course une tribune en surplomb et, à l’inverse, côté rond de présentation, une tribune en balcon. En effet, des terrasses, des coursives, des transparences, des escaliers ouverts, tous ces éléments offriront des vues permanentes sur l’ensemble de l’hippodrome, avec évidemment des vues privilégiées sur le rond de présentation et sur la piste elle-même.
Le concept architectural est un concept « d’étagères » transparentes, n’offrant ni devant ni derrière, permettant aux spectateurs de passer aisément de la vue plongeante sur les écuries à celle de la course elle-même. En résumé, le projet architectural met en œuvre de généreuses perspectives sur le paysage grâce à la réduction sensible de l’importance des constructions existantes sur le site.
Le design architectural est très épuré, simple et élégant, laissant passer au travers des bâtiments les vues et les lumières. Le public a toujours un contact visuel et de proximité avec les chevaux et les professionnels, sans pour autant se croiser les uns les autres. On pourrait parler d’une architecture fluide qui accompagne le mouvement, comme le symbolise le déhanchement de la grande tribune, et qui laisse passer le paysage à travers elle. Le Nouveau Longchamp, dissimulé dans la nature, retrouve le charme des garden party d’antan, des promenades au bois ou de la poésie des jardins de Bagatelle, tout en offrant confort pour tous les publics et efficacité pour tous les parieurs.
Le projet du Nouveau Longchamp sera un modèle environnemental pour ce type d’équipement et s’inscrit dans les objectifs du plan climat de la Ville de Paris.
En conclusion, l’intervention consiste à créer un lieu plus naturel favorisant l’implantation de nouvelles plantations ; plus écologique, grâce à une conception innovante et à l’intégration de dispositifs aussi bien actifs que passifs favorisant les énergies renouvelables et l’autonomie des bâtiments ; plus flexible, en mettant en place une grande variété de lieux permettant d’ouvrir Longchamp au plus grand nombre dans des conditions d’accueil adaptées à la diversité des courses hippiques ; et enfin plus agréable, pour le confort de l’ensemble des usagers du site, chevaux, jockeys, cavaliers, professionnels et grand public. »
Dominique Perrault
21-09-2015